BARCELONE – Les conditions météorologiques complexes du phénomène El Niño, qui peuvent entraîner de fortes pluies désastreuses et de longues sécheresses dans les pays du Pacifique, du Pérou à l’Indonésie et à l’Australie, vont probablement faire leur apparition en 2020, ont prédit des chercheurs.
Une équipe internationale de scientifiques prévoit une probabilité de 80% l’an prochain d’un El Niño, qui survient lorsque les températures à la surface de la mer augmentent considérablement au-dessus de la normale dans le centre-est du Pacifique équatorial.
Cette semaine, ils ont déclaré que leur modèle – qui utilise un algorithme basé sur l’analyse des liens entre les variations de la température de l’air sur un réseau de points de grille dans la région du Pacifique – pourrait prédire un El Niño au moins un an à l’avance.
«Les méthodes conventionnelles ne permettent pas de faire une prévision« El Niño »fiable plus de six mois à l’avance. Avec notre méthode, nous avons pratiquement doublé le délai d’alerte précédent », a déclaré Armin Bunde, co-développeur, physicien à l’Université allemande Justus Liebig de Giessen.
Le terme El Niño, qui signifie «petit garçon» en espagnol, a été utilisé pour la première fois au XIXe siècle par les pêcheurs du Pérou et de l’Équateur pour désigner les eaux exceptionnellement chaudes qui réduisaient leurs prises juste avant Noël, selon l’Organisation météorologique mondiale (OMM).
Le phénomène se produit tous les deux à sept ans et dure généralement de 9 à 12 mois, commençant souvent au milieu de l’année et culminant entre novembre et janvier. Hans Joachim Schellnhuber, directeur émérite de l’Institut de recherche sur l’impact du climat de Potsdam (PIK), a déclaré que les informations tirées de la nouvelle méthode – qui a été testée ces dernières années – seraient mises à la disposition des personnes touchées par El Niño.
Le chercheur du PIK, Josef Ludescher, a déclaré qu’il discuterait bientôt de ces résultats avec le service météorologique au Pérou.
El Niño apporte souvent des pluies torrentielles dans le nord de la nation montagneuse d’Amérique latine, avec un risque élevé de coulées de boue, a-t-il déclaré.
El Niño peut également être à l’origine de sécheresses prolongées dans d’autres régions d’Amérique du Sud, en Indonésie, en Australie et en Afrique, a déclaré le PIK.
Dans le sous-continent indien, cela pourrait changer les tendances de la mousson, alors que la Californie pourrait connaître davantage de précipitations. La nouvelle méthode de prévision pourrait donner plus de temps aux autorités pour se préparer à de tels impacts, a ajouté M. Ludescher.
L’équipe adapte maintenant l’algorithme pour pouvoir prédire le moment et la force d’El Niño. À l’avenir, une méthode similaire pourrait être utilisée pour améliorer les prévisions de la mousson en Asie, at-il déclaré à la Fondation Thomson Reuters.
La découverte de la nouvelle méthode a été publiée pour la première fois en 2013 dans le journal Proceedings de la National Academy of Sciences – et les scientifiques en vérifient depuis l’exactitude. Ils ont dit cette semaine qu’il avait correctement prédit l’apparition du grand El Niño qui avait débuté en 2014 et qui s’était achevé en 2016, ainsi que l’événement le plus récent en 2018, ainsi que les absences des autres années.
Le prochain El Niño, attendu en raison d’un pic à la fin de 2020, pourrait permettre à la hausse annuelle moyenne de la température annuelle d’atteindre un nouveau record en 2021, ont déclaré les chercheurs.
L’augmentation de la température de l’air a pris environ trois mois de retard sur le réchauffement du Pacifique, ont-ils noté.
Selon l’OMM, 2016 est devenue l’année la plus chaude jamais enregistrée en raison du puissant phénomène El Niño de 2015-2016, associé à un changement climatique à long terme.
Les autorités philippines chargées de la météo et de l’agriculture ont fait preuve de prudence lorsqu’elles ont sollicité leurs commentaires. “Nous avons prévu kasi natin ngayon, au moins jusqu’à… mai, juin, juillet 2020. wala po tayong nakikitang (nous ne voyons pas) El Niño… wala pa ring (il n’y en a pas) une probabilité non négligeable d’avoir El Nino… sur la base de récentes Analiza S. Solis, responsable de la surveillance et de la prévision du climat auprès de l’administration des services atmosphériques, géophysiques et astronomiques des Philippines (PAGASA), a déclaré mercredi dans un entretien téléphonique que les conditions pourraient changer à mi-parcours. Mai ou juin ».
Christopher V. Morales, directeur de la Division de la planification opérationnelle des programmes de terrain du département de l’Agriculture, a répondu par SMS: «Nous avons besoin des dernières prévisions de PAGASA à ce sujet. En fonction de leurs données, nous proposerons notre analyse. – Reuters avec les contributions de Vincent Mariel P. Galang à Manille
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