Par Jérôme pour 24matin.fr – Publié le 13 novembre 2021
Si vous pensez immédiatement au changement climatique, vous avez raison. Mais ce n’est pas la seule explication.
Cela fait déjà plusieurs années que de nombreuses études tendent à démontrer que le monde court vers une pénurie de chocolat dans un avenir assez proche (ou du moins, toujours trop proche pour les fondus de cet aliment).
Avant de vous évanouir d’effroi, découvrez avec nous pourquoi une telle pénurie nous guette
La demande et l’offre en cacao
Débutons par la demande si vous le voulez bien. Il faut d’abord savoir que le marché du chocolat, à l’échelle mondiale, pourrait voir sa valeur doubler en 2025 si on la compare à celle de 2015. Plus de 50% de la production est à destination de l’Europe (plutôt à l’ouest) et de l’Amérique du Nord.
Mais ce n’est pas tout puisque de nouveaux foyers de grande consommation sont apparus et pas des moindres, Chine et Inde en tête en raison de l’envolée des classes moyennes. En 2016 en Inde, plus de 228 000 tonnes ont été consommées, ce qui a correspondu à une hausse de 50% par rapport à 2011.
L’offre, cette fois : les producteurs de cacao sont aux abois. Maladies et insectes s’en prennent aux arbres, avec pour conséquence des pertes annuelles de 30% à 40% de l’ensemble de la production à l’échelle du globe. Au début de l’été 2018, la Côte d’Ivoire annonçait ainsi la destruction d’une plantation de 100 000 hectares contaminée par le virus de la pousse de cacao.
Et la fluctuation des prix n’aide pas. Exemple parlant : alors que l’Indonésie est le troisième producteur mondial de cacao, mauvaises conditions climatiques et vieillissement global des arbres encouragent des producteurs à transférer leur activité vers des cultures telles plus rentables comme celles du maïs, du caoutchouc ou de l’huile de palme.
Le dérèglement climatique
En 2018, une étude signée de la très sérieuse National Oceanic and Atmospheric Administration (Etats-Unis) annonçait qu’en raison du réchauffement global du climat, les arbres pourraient bien souffrir. En effet, ils ont besoin d’une température stable et tropicale, d’une forte humidité, et qui plus est sur un sol riche en azote et autour du parallèle de l’équateur (20 degrés).
Avec une hausse de 2 degrés à l’horizon 2050, le trio de tête de la production (Côte d’Ivoire, Ghana et Indonésie) ne pourraient plus être en mesure de répondre à la demande, voire tout simplement de produire.
La génétique au secours des fèves de cacao ?
En janvier 2018, l’on apprenait que le géant agroalimentaire Mars s’était associé à l’Université de de Berkeley pour travailler à la modification génétique de cacaoyers pour les rendre plus résistants. Brian Staskawicz, professeur de biologie végétale et microbienne au sein de l’université de Californie, précisait ainsi : “En altérant son ADN, le cacaoyer pourrait devenir résistant aux maladies causées par ces évolutions de température”.
Des agriculteurs sous-payés
Et si la cause principale d’une pénurie venait du fait que les agriculteurs ne sont pas assez rémunérés pour leur travail ? Avec pour conséquence de jeunes agriculteurs qui délaisseront ce type de production et des groupes agroalimentaires qui s’empresseront d’installer leurs propres plantations. Ces dernières, si elles permettent une production de fèves de cacao au bout de 18 mois au lieu de 5 ans normalement, donneront malheureusement lieu à l’apparition d’un chocolat avec moins de saveur.